DarwinFPV CineApe20, le test d’un cinewhoop 3S en DJI O4 Pro
Le CineApe20 vient s’ajouter à la déjà longue liste de cinewhoops qui ont adopté le DJI O4 Pro (dont le test est ici). L’idée est bien sûr de disposer d’un tout petit drone FPV, passe-partout, peu dangereux, et capable de revenir de vol avec de belles images. L’appareil existait déjà en versions analogique et DJI O3. Il est désormais disponible pour DJI O4 (lite) et DJI O4 Pro – c’est ce dernier que j’ai acheté et évalué…
La vidéo
Tour du propriétaire
Le CineApe20 repose sur une frame en carbone en X de 9 cm de diagonale de moteur à moteur. Elle est complétée par une pièce plastique monobloc qui comprend les protections d’hélices et une protection des parties électroniques centrales. Sur la frame carbone est fixé le support central, jaune, destiné à accueillir les différentes composantes du DJI O4 Pro.
Etonnamment, alors que la pièce monobloc est très « propre », le support central est une impression 3D en TPU avec de nombreuses imperfections – principalement des bavures de filament 3D. Il n’y a aucun amortisseur caoutchouc, ni sur la frame, ni sur le carénage, ni d’ailleurs sur la partie avant support de la caméra DJI O4 Pro, alors que des appareils concurrents ont font un usage immodéré. Ce montage va-t-il engendrer des vibrations parasite ? Nous allons le voir…
Le contrôleur de vol ?
C’est un DarwinFPV F411 AIO comprenant un récepteur radio ExpressLRS 2,4 GHz en SPI et un ESC 4 en 1 de 15A. L’une de ses particularités n’est visible qu’en retirant la plaque fine carbone sous le drone : le dessous du contrôleur de vol est noyé dans une pâte, ou colle, ou résine. Je ne sais pas vraiment s’il s’agit d’un moyen de contrôle de la chaleur, ou une tropicalisation partielle de l’électronique. Toujours est-il que l’électronique est plutôt bien protégée sur le CineApe20.
Dommage : il n’y a pas de baromètre altimétrique sur ce contrôleur de vol. Sous l’appareil se trouve le connecteur microUSB du contrôleur de vol qui, lui, n’est pas protégé. L’alimentation en USB allume à la fois le récepteur ELRS et le GPS, ce qui permet de régler les deux sans brancher la batterie. Cela permet aussi, sur le terrain, de brancher le CineApe20 en USB pour donner au GPS le temps de trouver des satellites, plutôt que d’attendre avec la batterie branchée.
Les moteurs ?
Ce sont des brushless Bling 1103 à 8000KV, branchés avec des connecteurs sur le contrôleur de vol. Cela permet en théorie de les changer facilement, tout du moins d’éviter de dégainer le fer à souder. Il faut tout de même dévisser la plaque inférieure, puis le contrôleur en lui-même, pour avoir accès aux connecteurs. Les hélices sont des 2 pouces tripales Gemfan 2023-3. Le montage se présente en push, à l’inverse de celui habituel de Betaflight.
L’alimentation est à fournir en 3S avec un connecteur XT30. La batterie est à fixer sous l’appareil, DarwinFPV fournit pour cela un velcro qui s’adapte à plusieurs tailles et formats de batteries. A l’avant, au-dessus de l’emplacement caméra, est logé un GPS M10 (petit format).
Installer DJI O4 Pro
La version que j’ai achetée est livrée sans DJI O4 Pro, j’ai donc installé le mien à bord. La manipulation s’effectue avec un simple petit tournevis cruciforme, sans besoin de souder quoi que ce soit. Le tournevis sert dans un premier temps à ôter la plaque du DJI O4 Pro pour retirer les deux antennes. C’est une étape obligatoire. Si vous conservez les antennes d’origine, ce que j’ai fait, il faut tout de même les retirer le temps de les faire passer dans les guides à l’arrière du carénage. Prévoyez un peu de gaine thermo : elles sont plus fines que les guides.
DarwinFPV livre aussi deux antennes dipôles en remplacement de celles polarisées du DJI O4 Pro. Leur avantage : elle sont plus légères et moins encombrantes. Leur inconvénient : leur portée est moins satisfaisante. Le boitier vient se loger dans le carénage, sans difficulté. La caméra est à placer à l’avant avec 2 ou 4 vis. Son inclinaison est réglable de -5° à +20° environ. Attention à bien protéger le câble entre la caméra et le boitier Air Unit. La connexion entre le contrôleur de vol requiert le câble fourni dans la boite du DJI O4 Pro.
Réglages avec Betaflight
DarwinFPV s’est occupé de la quasi-totalité des réglages du CineApe20 : ports (y compris GPS et DJI O4 Pro), PID, Rates, GPS, OSD, moteurs. La liaison radio ExpressLRS repose sur un module SPI. Son intérêt ? L’appairage avec une Binding Phrase est très simple : il suffit de l’indiquer dans Betaflight, onglet Récepteur.
L’inconvénient ? Si vous avez besoin de mettre le module à jour, il faut flasher l’intégralité du contrôleur de vol. D’usine, Betaflight est installé en version 4.4.2, cible DARWINF4SX1280HD. Il ne reste plus qu’à choisir les combinaisons de touches et d’interrupteurs sur votre radiocommande pour armer, changer de mode de vol, déclencher le Flip Over After Crash, le failsafe. Et le GPS pour le RTH ? Je vous en parle un peu plus loin… Au cas où, le dump des réglages de Betaflight est à télécharger ici.
Le comportement en vol
Les premiers vols en vue directe sont encourageants : le CineApe20 est assez vif, précis, et il semble dépourvu de vibrations. Il n’est pas très bruyant – il n’est pas silencieux pour autant. Mais à une cinquantaine de mètres, on ne l’entend plus. Les vols en FPV confirment la bonne impression : les trajectoires sont « lockées » et la réponse aux commandes est précise, sans à-coups ni dérapages. Il se rétablit très bien d’un plongeon, ce qui ouvre la porte aux dives et aux figures acrobatiques. Il faut tout de même limiter les gaz en intérieur pour éviter l’effet yoyo, par exemple en ajoutant une limite de gaz dans les Rates.
Et en FPV ?
Le retour vidéo, avec O4 Pro, profite d’une belle définition, d’une image nette et détaillée. Il est agréable en intérieur et en extérieur en l’absence de vent, mais les images sont assez secouées en présence de vent. Rien de gênant pour le pilotage, mais ce n’est pas très encourageant pour les prises de vues en 4K stabilisées… Et pourtant ! La stabilisation Rocksteady donne d’excellents résultats, même en présence de rafales de vent assez fortes, c’est une excellente nouvelle. Idem pour des séquences filmées en FOV Large sans Rocksteady, avec une stabilisation appliquée en post-production avec Gyroflow. Je suppose que le carénage en TPU isole très efficacement la caméra (dans laquelle se trouve le gyroscope utilisé pour la stabilisation). Son aspect était donc trompeur : il semble très efficace.
Résultat : je n’ai expérimenté aucun souci de vibration pendant tous mes essais. C’est très rassurant quand on réalise des vols sans possibilité de faire un second passage. DJI O4 Pro permet de filmer en « flat » D-Log M pour appliquer des corrections colorimétriques en post-production, en 4K jusqu’à 120 images par seconde, avec des réglages du FOV, la stabilisation Rocksteady, des réglages manuels de la caméra, des séquences sur la mémoire interne ou une carte microSD… Il se débrouille plutôt bien en conditions de faible luminosité – mais il est recommandé dans ce cas de procéder manuellement aux réglages d’ISO, de l’exposition et de la vitesse d’obturation.
L’autonomie ?
Avec la batterie Lava LiHV 3S 550 mAh de BetaFPV, les vols durent généralement 3min30 avec des évolutions engagées. En pilotant de manière plus posée, on peut dépasser les 4 minutes, et même tutoyer les 5 minutes en volant très doucement. C’est plutôt satisfaisant ! Je n’ai pas tenté avec des batteries 3S de plus faible ou plus grosse capacité. Par erreur, j’ai essayé avec une batterie Lava LiHV 2S 450 mAh : étonnamment, le CineApe20 reste assez vif avec une autonomie de 3 minutes environ.
La portée ?
La combinaison de DJI O4 Pro et d’ExpressLRS fonctionne bien, elle permet une portée qui dépasse très, très largement l’obligation réglementaire de vols en vue directe de l’observateur en vols FPV. J’ai choisi d’utiliser les antennes d’origine du DJI O4 Pro, plus efficaces que les dipôles livrées par DarwinFPV. L’antenne du module ELRS est cantonnée à l’intérieur du carénage central. La portée peut sans doute être améliorée en l’en faisant sortir, mais je n’ai pas eu besoin de le faire.
La solidité ?
Les protections d’hélices sont très résistantes, je les ai confrontées à des chocs (involontaires) avec des arbres, elles ont bien tenu sans signes de faiblesse. La caméra est un peu exposée, je recommande par conséquent d’installer un filtre UV ou ND pour protéger la lentille. Attention, il faut un filtre à fixer en vertical, ceux à apposer horizontalement ne sont pas compatibles avec le carénage en TPU. Attention si vous utilisez les antennes d’origine de DJI, elles sont exposées aux chocs et leur tube risque de plier et rompre.
Le GPS ?
Il est fonctionnel, trouve une position assez rapidement – 1 à 2 minutes à froid en environnement dégagé, dans les 10 secondes ensuite. Je m’en suis principalement servi pour indiquer la vitesse, la distance au point de décollage et la direction vers ce point. Le RTH de Betaflight en cas de coupure radio ou à la demande est fonctionnel, mais pas du tout efficace. Il a tendance à tirer fort sur la batterie, avec un comportement très différent en début de vol (il monte vite sur un RTH) et en fin de vol (il s’écroule au lieu de monter). Résultat : je n’ai pas fait confiance au RTH sur le CineApe20, et je l’ai désactivé pour ne conserver que les fonctions GPS de télémétrie. Très efficace, elles, en, revanche !
Faut-il l’acheter le CineApe20 ?
Oui, le DarwinFPV CineApe20 avec DJI O4 Pro est une réussite ! Le pilotage est agréable et précis, l’autonomie correcte, mais surtout les images stabilisées sont dépourvues de vibrations même lorsque l’appareil est secoué par le vent. C’est très rassurant lorsqu’on désire l’utiliser pour produire de belles images. Le prix est plutôt contenu puisque le CineApe20 sans DJI O4 Pro est proposé à $146 directement sur le site de DarwinFPV (hors port, hors taxes).
La minute réglementaire
Le CineApe20 vendu avec DJI O4 Pro ou Lite pré-installé est un drone sans indication de classe mis sur le marché après le 1er janvier 2024. Il n’est par conséquent pas autorisé à voler en catégorie Ouverte en Europe. Voilà qui le cantonne à des vols en intérieurs clos.
Le CineApe20 vendu sans DJI O4 (celui que j’ai testé) est à considérer comme un drone construit à titré privé, de moins de 250 grammes et qui ne peut pas voler à plus de 19 m/s (68,4 km/h).
Voilà un résumé de ce qu’il faut savoir :
- Il est opéré en catégorie Ouverte, sous-catégorie A1 moins de 250 grammes.
- Il faut s’enregistrer en tant qu’exploitant UAS sur AlphaTango et apposer votre numéro d’exploitant UAS sur le CineApe20 avec une étiquette (sans les 3 caractères de contrôle).
- Il n’est pas nécessaire de suivre la formation A1/A3 en ligne, ni de passer et réussir l’examen en ligne. Mais c’est recommandé pour prendre connaissance de la réglementation, à laquelle cet appareil est tout de même soumis, bien qu’il pèse moins de 250 grammes ! Car si en intérieur vous faites ce que vous voulez (avec l’accord de l’occupant des lieux), vous devez respecter de nombreux requis en extérieur (à lire ci-dessous) :
Vous pouvez voler jusqu’à 120 mètres de distance par rapport au point le plus proche de la surface de la Terre.
- Il faut voler en vue directe du pilote. Dans le cas des vols FPV avec le casque d’immersion, vous devez être assisté d’un observateur qui conserve le drone en vue directe et vous donne des indications pour qu’il le reste pendant toute la durée du vol. L’observateur n’a pas besoin d’être formé au pilotage, sa tâche se cantonne à son rôle d’observation et d’indication.
- Il est interdit de voler de nuit.
- Vous pouvez voler au-dessus des zones résidentielles, commerciales, industrielles et récréatives en Europe.
MAIS attention, vous ne pouvez PAS voler en agglomération au-dessus de l’espace public en France. Pas question, donc, de voler sur une place, dans un parc, un stade, une fleuve, s’ils se trouvent en agglomération !
- Il est possible de voler en agglomération au-dessus de l’espace privé, avec l’autorisation de l’occupant des lieux et s’il n’existe pas d’autres interdictions à cet endroit (attention, Geoportail ne permet pas de statuer).
- Vous pouvez survoler des personnes isolées.
- Il est interdit de survoler un rassemblement de personnes.
- Le largage de charge est interdit.
Il faut respecter les restrictions ou interdictions de vol dans les espaces aériens à statut particulier (zones R, D, P et temporaires ZRT, ZDT, ZIT), à consulter sur le Service de l’Information Aéronautique (SIA).
- Il faut respecter les zones interdites de vol, comme les parcs nationaux, certaines réserves naturelles, certains biotopes, les hôpitaux, prisons, sites industriels protégés, etc.
- Il faut respecter les interdictions ou restrictions de vol dans les emprises des aérodromes.
- Il est interdit de voler dans les zones d’évolution des services de secours.
- Il faut respecter les zones interdites de prises de vue (ZICAD).
Fin de la minute réglementaire.