BetaFPV Pavo Femto, le test d’un cinewhoop 2S en DJI 04 (lite)
Le fabricant chinois BetaFPV est spécialisé dans les petits drones FPV, tinywhoop et cinewhoop. Le Pavo Femto s’inscrit dans la gamme Pavo, qui décrit des cinewhoop, des appareils capables de revenir de vol avec de belles images. Ce modèle est animé par une batterie 2S et des hélices de 1,6 pouce.
Il est proposé sans le matériel de retour vidéo : ni caméra ni émetteur. Mais il est prévu et prêt pour accueillir un DJI O4 Air Unit et sa caméra, version Lite (voir le test ici), avec la promesse d’un montage sans aucune soudure. Il est aussi disponible pré-équipé du DJI O4 et donc prêt à voler – cela implique des subtilités réglementaires dont je vous parle en fin de cette chronique…
Une vidéo
Tour du propriétaire
Le Pavo Femto mesure 7,5 cm de diagonale de moteur à moteur, pour des dimensions de 10,2 x 10,2 x 5 cm. Il repose sur une structure carbone agrémentée de protections d’hélices en plastique.
Le contrôleur de vol est un F4 20A AIO de BetaFPV, qui repose sur un processeur F405, couplé à un ESC 4 en 1 de 20A capable de tenir du 2S et du 3S.
Les moteurs sont des modèles brushless LAVA 1102 à 14000KV qui, eux, ne sont compatibles qu’avec du 2S. Ils sont branchés sur le contrôleur de vol avec des connecteurs, donc faciles à changer. Les hélices sont des tripales de 1,6 pouce Gemfan 1611. Elles tournent dans le sens habituel de Betaflight. Les moteurs sont présentés l’envers, en version push.
A l’arrière de l’appareil se trouve un connecteur destiné à la connexion au contrôleur de vol. BetaFPV fournit un adapteur pour le branchement sur une prise USB-C. Ce connecteur est facile d’accès, même s’il est un peu caché par les deux fils d’alimentation. Le contrôleur de vol dispose d’un baromètre altimétrique.
Alimentation ?
La batterie est à insérer sous l’appareil, dans un panier de 1,3 x 1,4 cm, et à brancher avec un connecteur XT30. Ce panier est parfait pour des batteries LAVA LiHV 2S 450 mAh de BetaFPV… en bon état.
Si elles ont un peu gonflé ou si vous désirez utiliser des batteries plus imposantes, elles n’entrent pas dans le panier. Mais il y a tout de même un moyen de les installer : il faut les glisser entre les deux arceaux du panier, perpendiculairement au sens du vol, et les sécuriser avec un petit bandeau velcro.
La partie radio ?
Le Pavo Femto est équipé d’un récepteur radio ExpressLRS en 2,4 GHz, avec une antenne sous la forme d’un brin métallique rouge, à l’intérieur du carénage. Sur la version du drone que j’ai testé, il était flashé en version 3.3.0.
Vous pouvez utiliser la méthode de l’allumage extinction 3 fois et lancement de la procédure de bind sur la radiocommande.
J’ai préféré la méthode de la binding phrase. Attention si le DJI O4 Air Unit est installé à bord : pensez à le ventiler pour éviter la surchauffe car il faut alimenter le drone. Au bout d’une minute, le récepteur ELRS se met à clignoter, signe qu’il a démarré un point d’accès wifi (mot de passe expresslrs). Il faut ensuite pointer un navigateur web sur l’url 10.0.0.1 pour accéder à la page de réglages. J’ai simplement indiqué ma binding phrase : le récepteur s’est immédiatement connecté ma radiocommande Pocket de Radiomaster en ExpressLRS 3.3.1. Il est possible aussi de reflasher le récepteur dans une autre version, en Generic ESP8285 2,4 GHz RX, avec ExpressLRS Configurator – mais je n’en ai pas fait l’expérience.
DJI O4 Air Unit (Lite)
Sur la version que j’ai achetée, le DJI O4 Air Unit (lite) était déjà installé à bord. Il est monté dans une structure assez plate, avec un accès facile au bouton d’appairage et au connecteur USB-C. La caméra est fixée à l’avant sur un support en caoutchouc, un peu plus rigide que celui du Meteor75 Pro O4 (voir le test ici).
Le poids ?
En ordre de vol avec le DJI O4 et la batterie, le Pavo Femto pèse 80,4 grammes. L’appareil sa batterie pèse 55,2 grammes, la batterie ajoute 25,2 grammes.
Les réglages ?
Avec Betaflight Configurator et le Pavo Femto branché en USB, on accède aux réglages de Betaflight. Comme d’habitude, le constructeur s’est occupé de la plupart de ces réglages, notamment les PID, les UART et ports série correspondant au récepteur radio, à l’émetteur vidéo.
Il ne reste plus qu’à associer des voies de la radio aux principales fonctions, de modifier éventuellement les rates, de choisir les informations à afficher sur l’OSD. Si vous avez l’habitude de Betaflight, c’est une question de quelques minutes.
A noter que l’UART 3 est utilisé pour ExpressLRS (protocole CRSF). Si vous préférez utiliser la radiocommande de DJI, décochez l’UART 3, cochez l’UART 5 et choisissez le protocole SBUS.
Premier décollage ?
Le Pavo Femto décolle avec facilité, le DJI O4 Air Unit (lite) ne constitue pas un surpoids handicapant pour la motorisation de l’appareil. Il est capable de monter plutôt vite, mais au prix d’une chute rapide de la tension de la batterie. Ne vous attendez pas à des réactions d’un drone FPV de 5 pouces, il est tout de même plus pataud. L’appareil est assez silencieux, mais plus bruyant qu’un Meteor75 O4.
Les réglages de BetaFPV sont satisfaisants, le Pavo Femto vole de manière souple et agréable, y compris et surtout en mode Acro. L’appareil répond plutôt bien aux commandes, suffisamment en tous cas pour se lancer dans des vols rapides. De quoi se faire plaisir en forêt entre les arbres, d’autant que sa protection d’hélices est assez permissive. La caméra O4 (lite) est un peu en retrait, bien protégée par le carénage du Pavo Femto, sans pour autant que ce carénage n’apparaisse à l’image, ni d’ailleurs les protections d’hélices. Après un choc, il arrive souvent que l’appareil reste en vol ! En cas de chute, il peut généralement redécoller directement, parfois en lançant la commande Flip Over After Crash au préalable pour le retourner.
Attention aux remises de gaz : il part parfois en embardée, mieux vaut anticiper quand on le sollicite en fin d’un dive. Les gaz sont d’ailleurs un peu trop nerveux en intérieur, j’ai réduit la limite des gaz à 60 % dans les réglages des Rates de Betaflight pour réduire les effets yo-yo quand on s’efforce de maintenir une hauteur constante.
L’autonomie ?
La promesse de BetaFPV, ce sont des vols de 5min15 avec la batterie LAVA 450 mAh. Avec cette batterie et des vols engagés, l’autonomie plafonne à 3min30. Il est possible de dépasser les 4 minutes en volant de manière très douce. Une batterie LiHV 750 mAh de Flywoo permet d’aller jusqu’à 5 minutes, mais le surpoids rend l’appareil moins réactif sur les remises de gaz.
Le retour vidéo via DJI O4 (lite) ?
Les images en 1080p sont impressionnantes de netteté et de détails, ce qui rend les vols en présence d’obstacles assez agréables puisqu’on peut anticiper les branches scélérates, les fils électriques, etc. Je n’ai pas ressenti de latence susceptible de perturber le pilotage – mais je ne vole sans doute pas de manière suffisamment agressive pour en juger correctement. A noter que le baromètre altimétrique permet de profiter d’une indication assez précise de la hauteur de vol par rapport au point de décollage.
Les images filmées avec le Pavo Femto ?
Dans le cas de vol en intérieur ou en extérieur avec très peu de vent, l’appareil vibre très peu et les images filmées sont stabilisées par RockSteady pour un effet appliqué automatiquement, ou par le logiciel Gyroflow (si les images sont tournées en FOV Large et sans RockSteady). Cela permet de revenir avec de belles images des vols, surtout s’il y a beaucoup de luminosité.
S’il y a un peu de vent, en revanche, le Pavo Femto gigote beaucoup… Trop pour que les outils de stabilisation RockSteady ou Gyroflow donnent satisfaction. En extérieur, à moins d’un vent nul, les images sont toujours sujettes à des parasites de type Jello. C’est frustrant, puisque les images sont toujours perturbées par des vibrations, rares quand il y a peu de vent, mais bien trop nombreusdes et de manière dérangeante quand il y a plus de bourrasques. A noter que les vibrations de l’appareil ,ne semblent pas liées au régime moteur, à la différence du Meteor75 O4. Ce qui est frustrant ? Il est difficile de savoir si la stabilisation sera efficace pendant le vol : parfois elle fonctionne, parfois elle est mise en défaut. Et on ne le sait qu’après le vol, lorsqu’on regarde les images (avec RockSteady) ou après passage sur un ordi (avec Gyroflow)…
Rappel : avec le DJI O4 (lite), pas de mode D-Cinelike pour opérer un travail de colorimétrie en post-production, pas de FOV UltraLarge, une sensibilité du capteur réduite et une plage ISO limitée qui ne permettent pas de filmer correctement par faible luminosité. Pas de carte mémoire non plus : les images sont stockées sur la mémoire interne de 20 Go environ.
En résumé, le DJI O4 Air Unit (lite) est parfait pour profiter d’un retour vidéo de belle qualité. Mais les images filmées sont susceptibles d’être parasitées par des vibrations, ce qui réduit la pertinence d’usage du O4 (lite) pour filmer de belles images.
Le prix ?
Le Pavo Femto est proposé à 97 € directement sur le site de BetaFPV (hors port, hors taxes). Il est fourni sans le boitier DJI O4 Air Unit (lite) et sa caméra, c’est à vous l’ajouter. Il suffit de le brancher, sans besoin de souder quoi que ce soit.
L’appareil est livré dans une mallette de transport, le support pour installer le DJI O4, 4 hélices de rechange, l’adaptateur USB-C pour le contrôleur de vol et de la visserie. La version que j’ai utilisée est le Pavo Femto pré-équipé avec un DJI O4 Air Unit (lite), proposée à 208 €.
Faut-il l’acheter ?
A quel usage est destiné le Pavo Femto ? Théoriquement à pratiquer des vols avec un tout petit drone FPV en profitant d’une réserve de puissance, d’une belle autonomie et en revenant avec de belles images stabilisées. En pratique, le Pavo Femto est effectivement petit, plutôt nerveux et très maniable. Mais son autonomie n’est pas formidable, et la réserve de puissance met la batterie à genoux. Et, surtout, les images filmées par le Pavo Femto ne sont agréables que si elles sont dépourvues de vibrations, or ce n’est pas toujours le cas… et on ne s’en aperçoit après le vol. Vous l’aurez compris, ce Cinewhoop n’est pas le plus efficace de sa gamme.
La minute réglementaire
Le Pavo Femto vendu avec DJI O4 pré-installé est un drone sans indication de classe mis sur le marché après le 1er janvier 2024. Il n’est par conséquent pas autorisé à voler en catégorie Ouverte en Europe. Voilà qui le cantonne à des vols en intérieurs clos.
Le Pavo Femto vendu sans DJI O4 est à considérer comme un drone construit à titré privé, de moins de 250 grammes et qui ne peut pas voler à plus de 19 m/s (68,4 km/h). Voilà un résumé de ce qu’il faut savoir :
- Il est opéré en catégorie Ouverte, sous-catégorie A1 moins de 250 grammes.
- Il faut s’enregistrer en tant qu’exploitant UAS sur AlphaTango et apposer votre numéro d’exploitant UAS sur le Pavo Femto avec une étiquette (sans les 3 caractères de contrôle).
Il n’est pas nécessaire de suivre la formation A1/A3 en ligne, ni de passer et réussir l’examen en ligne. Mais c’est recommandé pour prendre connaissance de la réglementation, à laquelle cet appareil est tout de même soumis, bien qu’il pèse moins de 250 grammes ! Car si en intérieur vous faites ce que vous voulez (avec l’accord de l’occupant des mieux), vous devez respecter de nombreux requis en extérieur (à lire ci-dessous) :
- Vous pouvez voler jusqu’à 120 mètres de distance par rapport au point le plus proche de la surface de la Terre.
- Il faut voler en vue directe du pilote. Dans le cas des vols FPV avec le casque d’immersion, vous devez être assisté d’un observateur qui conserve le drone en vue directe et vous donne des indications pour qu’il le reste pendant toute la durée du vol. L’observateur n’a pas besoin d’être formé au pilotage, sa tâche se cantonne à son rôle d’observation et d’indication.
Il est interdit de voler de nuit.
- Vous pouvez voler au-dessus des zones résidentielles, commerciales, industrielles et récréatives en Europe.
- MAIS attention, vous ne pouvez PAS voler en agglomération au-dessus de l’espace public en France. Pas question, donc, de voler sur une place, dans un parc, un stade, une fleuve, s’ils se trouvent en agglomération !
- Il est possible de voler en agglomération au-dessus de l’espace privé, avec l’autorisation de l’occupant des lieux et s’il n’existe pas d’autres interdictions à cet endroit (attention, Geoportail ne permet pas de statuer).
- Vous pouvez survoler des personnes isolées.
- Il est interdit de survoler un rassemblement de personnes.
Le largage de charge est interdit.
- Il faut respecter les restrictions ou interdictions de vol dans les espaces aériens à statut particulier (zones R, D, P et temporaires ZRT, ZDT, ZIT), à consulter sur le Service de l’Information Aéronautique (SIA).
- Il faut respecter les zones interdites de vol, comme les parcs nationaux, certaines réserves naturelles, certains biotopes, les hôpitaux, prisons, sites industriels protégés, etc.
- Il faut respecter les interdictions ou restrictions de vol dans les emprises des aérodromes.
- Il est interdit de voler dans les zones d’évolution des services de secours.
- Il faut respecter les zones interdites de prises de vue (ZICAD).
Fin de la minute réglementaire.
pour les intéressés, l’utilisation de bipales ou quadripales à la place des tripales d’origine corrige bien les vibrations. la hqprop 40mmx4 est particulièrement bien adapté
@ Hmprod : Merci pour le tip, Hugo 🙂 🙂