Emax Cinehawk Mini, le test d’un cinewhoop 2,5 pouces 4S équipé en DJI O3

Le Cinehawk Mini s’ajoute à la désormais longue liste des cinewhoops dotés d’un retour vidéo numérique. La version que j’ai testée est une BYOV, un acronyme qui signifie « Bring Your own VTX », « Ajoutez votre propre émetteur vidéo ». 

Le principe est donc celui d’un nano racer livré prêt à voler, mais sans la partie indispensable d’un drone FPV : l’émetteur vidéo et sa caméra. C’est ce qui lui permet de passer entre les mailles du filet de la réglementation européenne – je vous en dis plus à la fin de cette chronique. C’est aussi ce qui lui permet d’être commercialisé à un prix léger.

La vidéo

Tour du propriétaire

Le Cinehawk repose sur une frame carbone sur laquelle sont greffées les protections d’hélices, un panier pour l’émetteur vidéo, et la plateforme qui accueille la caméra et la batterie. La protection d’hélices reprend celles des précédents modèles de whoops chez Emax, avec une paroi doublée. Elle mesure 15,7 x 15,7 cm.

Le panier pour l’émetteur vidéo se trouve sous le drone, il fait office de train d’atterrissage. Il peut accueillir un bloc de 3,3 cm de côté. C’est parfait pour un DJI O3 Air Unit, mais trop petit pour un Avatar Moonlight de Caddx. La partie supérieure est montée sur 4 amortisseurs en caoutchouc.

Ce qui est intégré dans la version BYOV ?

Le Cinehawk Mini repose sur un contrôleur de vol AIO basé sur un processeur F4, flashé avec Betaflight 4.4.2, comprenant 5 UART, une Blackbox de 16 Mo, un ESC 4 en 1 de 20A et un récepteur radio ExpressLRS 2,4 GHz sur l’UART3.

L’antenne ExpressLRS, de type mini T, est fixée  à l’avant, sous l’emplacement pour la caméra. Un câble avec un connecteur pour brancher un DJI O3 Air Unit est fourni installé, prêt à l’emploi.

Les moteurs sont des brushless ECO 13035 à 4500KV positionné en push (vers le bas), pour des hélices tripales de 2,5 pouces Avia 2515-3. Les moteurs tournent dans le sens habituel de Betaflight. Ils sont soudés sur le contrôleur de vol, il faudra par conséquent dégainer le fer à souder pour les remplacer. 

L’alimentation repose sur un connecteur XT30, agrémenté d’un condensateur. A l’arrière des protections d’hélices se trouve un emplacement pour une nano antenne GPS. La version du Cinehawk Mini que j’ai testée est dépourvue de GPS, il n’y a rien à cet endroit.

Réglages d’ExpressLRS ?

J’ai choisi d’associer le récepteur ExpressLRS et ma radiocommande avant de monter le boitier DJI O3. L’idée est d’éviter une surchauffe et de devoir ventiler le drone pendant la manipulation. Vous pouvez allumer et éteindre 3 fois le drone pour lancer la procédure de bind. Mais j’ai préféré, comme d’habitude, indiquer ma binding phrase. Il suffit d’allumer le drone et d’attendre une minute. 

Le récepteur met en place un point d’accès wifi, auquel il suffit de se connecter avec le mot de passe expresslrs. Le récepteur est flashé en ELRS 3.3.0. J’ai simplement indiqué ma binding phrase, il s’est associé avec ma radiocommande Pocket de Radiomaster en ExpressLRS 3.3.1. Il est possible aussi de reflasher le récepteur dans une autre version via ExpressLRS Configurator, en cible EMAX 2.4GHz RX – mais je n’en ai pas fait l’expérience.

Installation du DJI O3 ?

La procédure est prévue pour être simple : le boitier O3 est à placer dans le panier sous le Cinehawk Mini, la caméra dans le support à l’avant, le branchement étant instantané avec le connecteur prêt à l’emploi.

Pour retirer le panier, il faut ôter 4 vis : simple et efficace. Il a tout de même fallu que je retire l’antenne du boitier O3 pour la faire passer de manière sécurisée à l’arrière de l’appareil. Un support en plastique permet de la maintenir en place. 

J’en ai profité pour remplacer l’antenne de DJI par une FlyFish beaucoup plus longue dans le but d’améliorer la portée et la pénétration. Au final, l’installation du O3 est effectivement simple et rapide. Le panier est un peu plus grand, le boitier a tendance à y bouger un peu – il est suffit d’ajouter un petit morceau de scotch double face pour le fixer. 

La caméra est maintenue par 4 vis dans le support avant, avec possibilité de la placer à l’horizontale ou avec un fort angle. La bonne nouvelle ? Le connecteur USB-C et la trappe pour la carte microSD sont facilement accessibles. L’autre bonne nouvelle ? Tout est préréglé dans Betaflight pour utiliser le DJI O3 en profitant de l’OSD en HD, y compris le port sur l’UART1 et les éléments de l’OSD.

Réglages de Betaflight ?

Un bon point : le connecteur USB-C pour connecter le contrôleur de vol à un ordi est facile d’accès, avec un trou pratiqué dans la plateforme caméra et batterie.

Emax s’est occupé de la plupart des réglages, notamment les PID et les rates, les UART pour ExpressLRS et DJI O3. Même le GPS est prêt à l’emploi (même s’il est absent physiquement). Il ne reste donc plus qu’à configurer les boutons et inters de la radiocommande pour armer, changer de modes de vol, gérer le failsafe, le Flip Over After Crash, le bip des ESC. 

Le dump des réglages d’usine, au cas où, est disponible ici.

Les batteries ?

J’ai utilisé des batteries 4S LiHV de 550 mAh 70C (de CNHL) sur le Cinehawk Mini. Le câble d’alimentation est suffisamment long pour un branchement sans forcer et sans que les câbles ne trainent.

La batterie est maintenue par un strap, qui permet de s’accommoder de différentes formes et dimensions. Par ailleurs, la plateforme d’accueil de la batterie est équipée d’un caoutchouc à grip : elle ne glisse pas. 

A vrai dire, j’ai testé d’autres types de batteries 4S : des 300 mAh, des 450 mAh, des 650 mAh, 850 mAh, 900 mAh. Celles qui ont assuré la meilleure autonomie, environ 4 minutes en vols doux ou 2 minutes 30 en vols engagés, sont les 550 mAh.

Les autres diminuent l’autonomie, et pour celles de 850 mAh et plus, l’appareil vibre et les moteurs chauffent. L’autonomie est donc correcte, sans plus.

Le poids ?

Le Cinehawk Mini équipé du DJI O3, de sa caméra et de l’antenne FlyFish est à 146 grammes. Avec une batterie CNHL LiHV 4S 550 mAh, il passe à 206,8 grammes en ordre de vol. Avec une Ovonic LiPo 4S 650 650 mAh, il est à 211,6 grammes. Soit largement sous la barre des 250 grammes…

Premier décollage

Le Cinehawk Mini décolle facilement, sans peiner, et offre pas mal de ressources pour pousser les gaz. Le comportement de l’appareil est particulièrement agréable : il vole comme sur un rail en Acro, il est très réactif, parfait pour pratiquer des vols rapides en présence d’obstacles. trop peut-être, surtout sur les gaz, il est recommandé d’augmenter le throttle limit pour les vols en intérieur. 

Emax a réalisé un superbe travail de réglages des PID. Vous pouvez encore l’affiner si vous êtes expert des données issues de la Blackbox. Pour ma part, je n’ai pas eu besoin de faire quoi que ce soit ! Voler au travers de la végétation est un petit bonheur, d’autant que la protection d’hélices est permissive pour des touchettes. Mieux encore, l’appareil se débrouille super bien pour se rattraper lorsqu’il est déséquilibré. Il parvient aussi à tenir avec des rafales, bien que la protection d’hélices constitue une prise en vent. 

La portée ?

Le comportement exemplaire en vol invite à partir un peu loin. Ce que permettent à la fois le retour vidéo O3 (boosté illégalement en FCC) et la liaison radio ExpressLRS. Au vu de la taille du Cinehawk Mini, il dépasse très vite la distance réglementaire (le vol en vue directe de l’observateur).

L’avantage de cette belle portée, c’est qu’elle permet aussi une pénétration des obstacles très satisfaisante pour des vols en sous-bois et en indoor.

Les vidéos stabilisées ?

La caméra est bien isolée des vibrations. Evidemment, puisque le Cinehawk Mini est un appareil petit format, avec une forte prise au vent, il gigote en vol.

Mais ce sont des oscillations que la fonction de stabilisation Rocksteady du DJI O3 est capable de gommer sans introduire de flou. Même constat en stabilisant des vidéos shootées sans Rocksteady et en FOV Large, avec l’aide de Gyroflow !

En combinant la stabilisation des images avec le mode D-Cinelike en 10 bits pour un travail de la colorimétrie en post-production et des réglages de la caméra (ISO, obturation, FOV), on peut obtenir de très belles images ! J’ai simplement ajouté un filtre ND pour les vols par forte luminosité. 

Pas besoin d’ajouter une action cam sur le Cinehawk Mini… et tant mieux ! Car de toutes manières, il serait en difficulté pour porter une GoPro même de type naked – au mieux il pourrait embarquer une Insta360 GO 3 ou GO 3S. 

La solidité

Encouragé par l’excellent comportement du Cinehawk Mini, j’ai tenté des passages en force en sous-bois, des vols plus engagés. La punition, avec mes talents de pilotes, est rapide : j’ai crashé l’appareil à de nombreuses reprises, et fort. La protection d’hélices est particulièrement résistante, plus que celle d’appareils concurrents.

Le design à double paroi qui se déforme sans aller jusqu’à toucher et bloquer les hélices est très efficace. L’appareil est toujours reparti tout de suite, sans dégâts, sans même avoir endommagé les hélices. Le système de gros amortisseurs de la plateforme caméra et batterie semble très bien encaisser les chocs.

Les améliorations ?

Je n’ai pas ressenti le besoin du GPS, sauf peut-être pour une indication de vitesse et surtout de hauteur – puisqu’il n’y a pas non plus de baromètre altimétrique sur le contrôleur de vol. Je l’ai remplacé par un ViFly Strobe, ce petit accessoire à LEDs qui flashe avec une forte intensité. 

Il est parfait pour retrouver rapidement le Cinehawk Mini en forêt, planqué derrière des fougères. Il est facile à accrocher à la place du GPS, avec un Serflex, et son poids plume n’interfère pas sur le comportement, et peu sur l’autonomie.

Faut-il l’acheter ?

Oui, j’ai beaucoup apprécié le Cinehawk Mini ! Il est efficace, parfaitement réglé en usine, parfait pour revenir avec de belles images sans jamais souffrir de Jello, solide. Son prix est plutôt léger, il est proposé à 182 € chez Drone-FPV-Racer en France (taxes comprises) . Il est  disponible directement chez Emax USA, mais le fabricant ne propose pas les envois vers l’Europe (en tous cas à date de ce test).

Et face à son concurrent le Pavo 25 V2 de BetaFPV ? (voir le test ici) J’ai une préférence pour le Pavo 25 V2 : il est également bien réglé en usine, agréable en vol, prêt à accueillir un DJI O3, mais il offre une autonomie un peu supérieure et un bandeau LED activable à distance qui entoure les protections d’hélices. 

La minute réglementaire

Le Cinehawk Mini vendu sans DJI O3 est à considérer comme un drone construit à titré privé, de moins de 250 grammes et qui ne peut pas voler à plus de 19 m/s (68,4 km/h). Voilà un résumé de ce qu’il faut savoir :

  • Il est opéré en catégorie Ouverte, sous-catégorie A1 moins de 250 grammes.
  • Il faut s’enregistrer en tant qu’exploitant UAS sur AlphaTango et apposer votre numéro d’exploitant UAS sur le Cinehawk Mini avec une étiquette (sans les 3 caractères de contrôle).
  • Il n’est pas nécessaire de suivre la formation A1/A3 en ligne, ni de passer et réussir l’examen en ligne. Mais c’est recommandé pour prendre connaissance de la réglementation, à laquelle cet appareil est tout de même soumis, bien qu’il pèse moins de 250 grammes ! Car si en intérieur vous faites ce que vous voulez (avec l’accord de l’occupant des mieux), vous devez respecter de nombreux requis en extérieur (à lire ci-dessous) :
  • Vous pouvez voler jusqu’à 120 mètres de distance par rapport au point le plus proche de la surface de la Terre (mais cet appareil vous permettra difficilement, de toutes manières, d’aller aussi haut)
  • Il faut voler en vue directe du pilote. Dans le cas des vols FPV avec le casque d’immersion, vous devez être assisté d’un observateur qui conserve le drone en vue directe et vous donne des indications pour qu’il le reste pendant toute la durée du vol. L’observateur n’a pas besoin d’être formé au pilotage, sa tâche se cantonne à son rôle d’observation et d’indication.
  • Il est interdit de voler de nuit.
  • Vous pouvez voler au-dessus des zones résidentielles, commerciales, industrielles et récréatives en Europe.
  • MAIS attention, vous ne pouvez PAS voler en agglomération au-dessus de l’espace public en France. Pas question, donc, de voler sur une place, dans un parc, un stade, une fleuve, s’ils se trouvent en agglomération !
  • Il est possible de voler en agglomération au-dessus de l’espace privé, avec l’autorisation de l’occupant des lieux et s’il n’existe pas d’autres interdictions à cet endroit (attention, Geoportail ne permet pas de statuer).
  • Vous pouvez survoler des personnes isolées.
  • Il est interdit de survoler un rassemblement de personnes.
  • Le largage de charge est interdit.
  • Il faut respecter les restrictions ou interdictions de vol dans les espaces aériens à statut particulier (zones R, D, P et temporaires ZRT, ZDT, ZIT), à consulter sur le Service de l’Information Aéronautique (SIA).
  • Il faut respecter les zones interdites de vol, comme les parcs nationaux, certaines réserves naturelles, certains biotopes, les hôpitaux, prisons, sites industriels protégés, etc.
  • Il faut respecter les interdictions ou restrictions de vol dans les emprises des aérodromes.
  • Il est interdit de voler dans les zones d’évolution des services de secours.
  • Il faut respecter les zones interdites de prises de vue (ZICAD).

A savoir : la version complète et prête à voler du Cinehawk Mini est « sans indication de classe, mise sur le marché après le 1er janvier 2024 », elle n’est pas autorisée à un usage en catégorie Ouverte en Europe.

Fin de la minute réglementaire.

D’autres photos du Cinehawk Mini

4 commentaires sur “Emax Cinehawk Mini, le test d’un cinewhoop 2,5 pouces 4S équipé en DJI O3

  1. Merci pour ce test et ce résumé réglementaire sur mesure pour la machine, c’est presque digeste 😂
    On ne voit plus que des machines DJI O3 ces derniers temps. Si j’équipe cette bête en analogique, a priori je gagne significativement en autonomie (masse et conso élec) non ?

  2. @ RKTF : Oui, l’analogique te permet de gagner sur tous les domaines, y compris le coût. Sauf pour la qualité du retour et l’enregistrement des vols, évidemment 😉

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