Publication d’un rapport préliminaire à la « stratégie drone 2.0 pour un écosystème intelligent et durable des appareils sans pilote en Europe »
Ce rapport publié sur le site de la Commission Européenne est celui d’un groupe de travail, le Drone Leaders’ Group, qui y diffuse ses propositions pour l’avenir des drones – il est à noter que ce ne sont pas forcément celles de la Commission Européenne. De quoi est-il question ? Le rapport indique poursuivre deux objectifs : faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050, et développer la numérisation de l’économie pour renforcer sa compétitivité.
Pour qui ?
Si vous aimez les grandes idées à longue échéance, si le décarboné fait partie de vos principales préoccupations, si vous adorez les acronymes inédits, et si vous pensez que l’avenir est aux réunions préparatoires aux travaux de faisabilité de plans pour mener à des réflexions sur des possibilités de stratégies potentiellement novatrices, vous allez vous délecter de ce rapport.
Auto-satisfaction…
Je vous cite un court passage du rapport : « Contrairement à d’autres secteurs, où le processus d’harmonisation réglementaire de l’U[nion] E[uropéenne] a commencé après l’adoption au niveau national de réglementations parfois anciennes et divergentes, ici, il a été possible de commencer dès le départ avec un ensemble de règles véritablement communes. C’est une opportunité tout à fait unique à ne pas manquer ». Certes la base est commune, mais pensez à toutes les particularités nationales qui, en France, mettent à mal les possibilités offertes par les textes européens, comme l’interdiction de vol sur l’espace public en agglomération, l’interdiction des vols de nuit, l’enregistrement et le signalement électronique pour les appareils de plus de 800 grammes. Avec pour conséquence l’impossibilité, pour un pilote de loisir étranger, de toutes les connaitre.
« Vision haut-niveau » !
Selon le rapport, « la stratégie drone 2.0 doit définir une vision de haut niveau et un cheminement ambitieux, avec des objectifs concrets, pour le développement de plates-formes et de services de drones civils et de défense, afin de placer l’Europe à un niveau mondial compétitif ».
Les pistes ?
Le Drone Leaders’ Group a pris en compte 3 sujets considérés comme majeurs : la mobilité urbaine et le U-Space, l’amélioration des services basés sur les drones en incluant les petites et moyennes entreprises, le développement des synergies entre le militaire et le civil et des blocs technologiques.
Les oubliés des pistes…

Vous noterez que les projets mettent de côté toute l’industrie du drone de loisir – aucun représentant de fédérations ou de groupements d’utilisateurs n’a d’ailleurs fait partie des groupes de travail. Attendez-vous, à moyen terme, à ce que l’espace aérien se rétrécisse pour le loisir avec l’expansion des usages commerciaux. Sachez aussi que le rapport sous-entend que les PME vont se frotter aux outils de conformité à la réglementation comme l’inextricable SORA.
Pas si simple ?
Le rapport consent tout de même à quelques critiques : « Les exigences SORA […] sont difficiles à atteindre sans une refonte de l’UAS et doivent être revues ». Le rapport constate aussi que certains objectifs n’ont pas été atteints, comme l’obligation de fournir les UAS Geographical Zones au 1er janvier 2022. La France était à ce sujet l’un des premiers membres de l’UE à avoir dégainé, mais avec une base de données bien trop light pour être exploitable (voir ici).
Des propositions…
Le rapport préliminaire recommande d’accélérer les processus pour tirer parti du cadre réglementaire initié en 2019, de mettre en place une roadmap de veille technologique, de revoir les fréquences radio autorisées, d’encourager la standardisation et l’interopérabilité, de rechercher l’harmonisation des certifications pour le militaire et le civil, de créer un réseau de centres d’excellences à la fois militaires et civils, de développer un label « European Trusted Drone » pour catégoriser les drones par rapport à la cybersécurité…
Un peu d’acronymes et de sigles ?
Le rapport parle des services liés aux drones, les Innovative Aerial Services (IAS), le marché de la mobilité urbaine, la Innovative Aerial Mobility (IAM), avec des objectifs pour y parvenir, les Specific Measurable Achievable Reasonable Time-bound (SMART). Il y en a bien d’autres, mais je vous laisse le plaisir de les découvrir…
Source : Drone Leaders’ Group supports preparation of Drone Strategy 2.0
Très bonne analyse !
Malgré tout, le contexte technologique est difficilement prédictible. Nous sommes dans de très courtes visions stratégiques. Le contexte actuel met en avant l’usage des drones commerciaux à faible cout pour toutes sortes de mission.
Merci à toi pour mettre en évidence d’autres formes d’usage comme par exemple le vol en essaim.
Nous pouvons imaginer demain qu’un drone puisse participer,de manière communautaire, à une action public.
Iy aura toujours dans IT un perturbateur.