Freeway Drone et DJI
C’est l’opérateur de drones français qui a le vent en poupe. Vous ne le savez pas forcément, mais vous avez déjà vu des vidéos filmées par ces passionnés de belles images. La reconnaissance de l’équipe a dépassé nos frontières, et c’est une excellente nouvelle qui n’est pas étrangère à la sortie du nouveau et surprenant multirotor de DJI ! Jugez plutôt… Nous avons interrogé Michael Gisselère, co-gérant de Freeway Prod.
Helicomicro : La plupart d’entre nous avons découvert Freeway Prod avec cette superbe vidéo de l’opéra Garnier. Mais vous opérez depuis bien plus longtemps que ça. Freeway Prod, ça existe depuis quand ?
Michael Gisselère : Nous avons créé Freeway Prod il y a 6 ans. A l’occasion d’un tournage, nous avons eu besoin de prises de vue aériennes. C’est à cette époque que nous avons découvert le drone. Au lieu de louer les services d’un prestataire dans le domaine des drones, nous avons décidé de nous lancer nous-même. Freeway Drone est une filiale de Freeway Prod qui existe depuis 3 ans maintenant, et ne cesse d’accroître son activité.
HM : Quelles sont les émissions sur lesquelles on a pu voir des images de Freeway ? Le Tour de France ?
MG : Nous travaillons principalement pour France Télévisions, et nous venons de faire pour la deuxième année consécutive les images aériennes en drones du Tour de France. Le Ponant aussi fait appel à nous, il s’agit d’une compagnie spécialisée dans les yachts de luxe pour laquelle nous avons déjà effectué des missions en Antarctique et Adriatique. Mais ce n’est pas tout, nous réalisons des prises de vues aériennes pour TF1, « Bienvenue au camping » et « La Brigade ». Egalement pour M6 avec « Zone Interdite ». Ou encore France 5 pour « Echo-Logis », France 2 et « Télématin », « c’est au programme », « Le monument préféré des Français », etc…
HM : Vous devez donc vous conformer aux lois en vigueur en France, mais aussi à celles de tous les autres pays dans lesquels vous travaillez ?
MG : Absolument, nous recherchons systématiquement la législation en vigueur et demandons des autorisations de survol ! Ce qui n’est pas toujours facile. Pour le Tour de France 2014, il nous a été demandé de filmer Big Ben et Westminster Palace en drone, au-dessus de Londres. Christelle Bozzer, la co-gérante de Freeway Prod, a commencé à faire toutes les demandes auprès de la CAA, l’équivalent anglais de la DGAC, et des autorités sur place. Après un mois et demi d’échanges de mails avec la tour de contrôle de l’aéroport de Londres, la CAA, Westminster Palace, la police, nous avons obtenu toutes les autorisations nécessaires pour voler. Il ne nous manquait que l’autorisation du Port of Authorities de Londres. Une autorisation que nous n’avons jamais obtenue ! Car tout aéronef télépiloté est strictement interdit de survol au-dessus de la Tamise, même pour un événement majeur comme le Tour de France. L’argument évoqué est que le drone peut provoquer un accident. A cause du trafic fluvial important, le drone pourrait susciter la curiosité des pilotes de bateaux et provoquer la collision de plusieurs embarcations. Pas d’images aériennes de Big Ben ni du Parlement, donc. En avril dernier, nous avons survolé Monument Valley, Arches Park, le Grand Canyon, Hollywood… La FAA, l’équivalent américain de la DGAC, n’avait pas encore légiféré. Nous avions fait nos demandes d’autorisations auprès des Parcs nationaux américains, qui avaient été acceptées. Aujourd’hui, ce serait probablement impossible, la plupart des parcs nationaux américains ont été interdits de survol.
HM : Vous avez été invités par le constructeur DJI il y a quelques semaines. Dites-nous en plus !
MG : Depuis plus d’un an, nous sommes l’unique partenaire DJI en France. Nous avons eu, à ce titre, le privilège de tester leurs nouveaux produits avant leur commercialisation, et nous participons également à leurs catalogues vidéo, à la communication et aux teasers.
HM : Vous y avez rencontré les équipes en charge du développement des produits ?
MG : Nous avons été officiellement invités par DJI Innovations à venir passer 5 jours consécutifs au sein du département Recherche et Développement (R&D) à Shenzen en Chine pour aider les équipes de conception à bien déterminer les besoins des opérateurs et des pilotes sur le terrain.
HM : Vous voulez dire que vous avez participé à la réalisation de nouveaux produits ?
MG : Oui ! DJI ne connait pas vraiment les aléas de tournages, or il s’agit de notre quotidien. Ils ont fait appel à Freeway Prod pour les éclairer sur nos réels besoins et appliquer les modifications sur leur nouveau produit. Pendant ces 5 jours, l’activité principale a été de faire voler le nouveau drone, l’Inspire 1, de pratiquer l’appareil en vol dans différentes conditions de pilotage, de tester la caméra embarquée, le système de navigation, la maniabilité, etc.
HM : Comment se sont passées les remontées d’expériences ?
MG : Tous les soirs après la journée de test, nous avions une réunion organisée avec le département R&D et notamment avec les créateurs du S800, S1000 et de la Zenmuse. Nous avons partagé nos impressions sur le prototype et proposé des améliorations, un vrai brief-storming très enrichissant pour nous tous.
HM : L’ouverture d’une marque chinoise vers des professionnels européens semble constituer une première. Aviez-vous déjà eu des contacts avec des constructeurs auparavant ?
MG : Oui, mais effectivement, c’est la première fois qu’un constructeur nous ouvre ses portes. Nous pouvons considérer cela comme un honneur car les Chinois n’aiment pas trop avoir des « entités » extérieures à leur société. Ils accepté de nous mettre dans la confidence et les rapports de confiance entre DJI et Freeway se sont consolidés. J’ai eu à mes côtés Ferdinand Wolf de Skynamic, une société de prises de vues aériennes basée en Allemagne, invité lui-aussi. Nous avons travaillé en étroite collaboration afin d’apporter notre expérience à DJI.
HM : Dans le cas de l’Inspire 1, quelles sont les remarques que vous avez formulées et qui se retrouvent, ou se retrouveront peut-être dans l’appareil de série ?
MG : Par exemple à l’atterrissage, le train se rétracte automatiquement à 0,50 cm du sol, nous avons demandé à DJI de pouvoir régler cette distance comme nous le voulions à partir de l’application. L’inspire 1 demande l’intervention de 2 opérateurs, un caméraman et un pilote, car étant donné que la caméra est sur 3 axes, le pilote peut perdre le sens de l’orientation et ne plus savoir comment est dirigée sa machine. Nous avons donc proposé au département R&D d’installer une petite caméra FPV sur le nez de la machine. Ensuite, dans l’application, nous avons demandé de pouvoir choisir nos propres menus, c’est à dire que le pilote devrait avoir le choix de pouvoir mettre les infos qu’il désire à l’écran. Et de même pour le cameraman… Sur la carte Google de l’application, nous avons proposé de pouvoir faire un export du tracé exact afin de classifier chaque vol. D’autres suggestions ont été faites, mais nous sommes tenus à la confidentialité !
HM : Selon vous, quels sont les points forts de DJI face à la concurrence ? Il y a un produit en particulier que vous pensez être en avance sur son temps ?
MG : Je pense que DJI Innovations a bouleversé le monde du modélisme et surtout l’image des appareils. Leurs produits sont simples à programmer, les interfaces sont ludiques, de plus les produits sont accessibles pour tous les budgets. Amateurs ou pros, tout le monde s’y retrouve. Attention quand même à respecter la règlementation aérienne française, puisque nul n’est censé ignorer la loi. La véritable révolution a été la création de la nacelle stabilisée Zenmuse. Le stabilisateur Ronin a été également très innovant, même si c’est un produit qui est sorti avec un an de retard face au Movi 10. Dommage car c’est tout même DJI qui a créé ce système, avant que le Movi ne sorte.
HM : Ok, mais vous vous exprimez en tant que partenaire privilégié de DJI. Y a-t-il un produit ou une technologie d’un concurrent de DJI qui vous semble prometteur ? Vous pouvez parler librement, on est entre nous…
MG : Nous regardons tout ce qui se fait autour de ces nouvelles technologies, aussi bien chez Parrot, Droidworx – Aeronavics, MikroKopter, etc. Nous visionnons aussi un grand nombre de vidéos aériennes, et nous surfons sur Helicomicro pour être au courant des dernières sorties ! Mais pour le moment, nous avons une grande confiance dans les produits de DJI, et ce serait idem même si nous n’étions pas partenaire.
HM : Vos clients vous ont envoyé à plusieurs endroits autour du globe, notamment en mer Adriatique, dans le désert ouest-américain, dans les eaux gelées d’Antarctique. Nous avons cru comprendre que l’un de vos prochains tournages aurait lieu à Paris, dans un endroit prestigieux ?
MG : Oui nous préparons actuellement un tournage qui risque de faire le buzz… Un endroit où le drapeau français flotte et où les petits fours sont les meilleurs du monde. Et puis nous sommes déjà en train de préparer le Tour de France 2015 !
Ne vous privez pas du plaisir de visionner la vidéo spécialement consacrée à l’Inspire 1 que Freeway Prod a réalisé à l’occasion de l’annonce de l’appareil, ça se passe ici…
Très intéressant, merci HelicoMicro.
C’est rassurant de savoir qu’un grand constructeur s’appuie sur l’expérience des utilisateurs, c’est pour moi un gage de qualité.
Combien de fois s’est-on retrouvé avec un produit entre les mains en se disant « mais bordel qui est l’idiot qui a conçu ce truc, il ne l’a sûrement jamais utilisé ! » 🙂
Merci Fred,
En tant que professionnel de l’image, je suis ravi de savoir que Freeway Prod a participé à l’élaboration de ce nouveau DGI. Ce sont des pro et leurs remarques et observations ont été pertinentes, je n’en doute pas. Bravo pour ton site toujours au top. Vivement le test d’HélicoMicro sur le T600.
Merci à Fred et Freeway Prod, cela rejoins mon com sur un autre post.
Bonne continuation à Freeway Prod pour nous faire rêver. 😉
très intéressant …. a suivre donc !
Salut .. suis jaloux.. en plus le tour de France. .. si vous avez besoin d opérateur ou cadreur .. suis disponible. .
Génial ! Bravo à Freeway et à Fred, vive les passionnés ^^
Merci Fred pour cette interview 🙂
Et oui les drones permettent de mettre en valeur beaucoup d’évènements sportifs tel que le Tour de France
On peut se régaler des vidéos et photos prises
Bonne continuation
Bien bel exemple ! Bravo !
Je trouve dommage qu’il faille s’adresser aussi loin pour réaliser un partenariat réussi avec une telle réactivité…
Mais d’un autre côté cela remonte le moral de savoir qu’une partie de la redevance TV finance de si belles images… lol